Saga d’une famille de maîtres d’école et d’instituteurs

C’est par cet aperçu généalogique qui loin d’être exhaustif, qu’on arrive à reconstituer la dynastie de la famille Michel qui prend ses racines à Uhlwiller. C’était à l’époque de la guerre de Trente Ans (1618-1648).

Dans leur malheur, de nombreux habitants, végétant dans leurs modestes villages, se sont-ils rendus compte que le traité de Westphalie les a transformés de sujets de Ferdinand III de Habsbourg, empereur du Saint Empire Romain Germanique, en sujets de Louis XIV, roi de France ? Pendant de longues périodes, les nombreux cousins Michel ont inculqué leur art de l’enseignement à une population rurale en grande majorité illettrée de la région de Haguenau. L’absence de signature et la marque d’une croix ou d’un autre signe ou Hofzeichen représenté sous la forme rudimentaire d’un outil agraire ou usuel, griffonné par une main malhabile sur les actes officiels, en sont une preuve indéniable.

Le principal objectif n’est pas d’enseigner l’écriture mais plutôt des rudiments de la lecture et d’évangéliser les enfants.
Pour le maître d’école, les métiers annexes restent légions, les gages étant insuffisants surtout dans les campagnes bien que la communauté l’entretienne en argent et en nature. Il exerçait des fonctions municipales, mais était également au service du curé en tant qu’organiste ou sacristain et suivant les saisons, il était aussi tisserand ou cordonnier.
Dans les registres paroissiaux qui sont rédigés en latin, il était mentionné par ludimagister (maître d’école) ou ludimoderator (instituteur).
C’est vers 1800 que les maîtres des écoles primaires s’appelleront instituteurs. Instituteur venant du terme instituer qui veut dire éduquer.

1ère génération

Hans Michel (le jeune) est né vers 1645 à Uhlwiller et était vraisemblablement le fils de Hans Michel (l’ancien) né vers 1620 et décédé en 1672 et de profession Schreiber (écrivain public) et aussi Kohlenbrenner(charbonnier). Hans Michel (le jeune) se marie vers 1683 avec Elizabeth Weintropfen. La première mention de sa qualité de Schüelmeister d’Uhlwiller en date du 28 mars 1680 où il figure comme parrain dans un acte de baptême de cette paroisse. Auparavant il était désigné sous le terme de Büttel (appariteur). Il est encore mentionné Schüelmeister dans les actes de mariage de ses enfants entre 1706 et 1719. Il décède le 25 janvier 1720.

2e génération

Son fils Hans Jacob né le 6 janvier 1684, marié le 15 octobre 1710 avec Catherine Kuntz d’Ohlungen dont huit enfants sont connus de ce couple, prend les fonctions de son père. Sa carrière d’enseignant a sûrement été perturbée par la maladie à partir de 1735. Sa signature si nette auparavant devient désarticulée et il ne signera plus qu’une seule fois jusqu’à sa mort en 1742.

3e génération

Hans Georg (l’ancien), né le 25 mars 1731 à Uhlwiller et fils de Hans Jacob Michel, ludimoderator et Catherine Kunt(zin), est mentionné en qualité de ludimoderator à Niederschaeffolsheim dans l’acte de mariage en 1776 de son neveu François Joseph, maître d’école à Uhlwiller. Il est également attesté qu’il était à Niederschaeffolsheim en 1759 avec les mêmes fonctions lors du mariage de son autre neveu Antoine, maître d’école à Morschwiller. Il conclut mariage avec Elizabeth Philipps et il décède à Niederschaeffolsheim le 12 fructidor an X (30 août 1802). L’acte de décès mentionne qu’il était Jugend Lehrer, né à Uhlwiller et veuf d’Elizabeth Philipps. L’inventaire de succession après son décès a été rédigé par un notaire, la même année et mentionnait Hans Georg Michel der Alt, gewesener Schüelehrer hier selbst. Ses enfants sont attestés comme héritiers : 1° Marie Eve veuve de Michel Bonn, aubergiste en ces lieux, 2° Jean Georges le jeune, instituteur. Pendant les hostilités de la révolution française, Jean Georges Michel, père et fils, ainsi que Marie Eve Ohlmann sont déclarés comme émigrés. Ils ont quitté le territoire de la République le 18 nivôse an 2 et regagnent leur village le 15 ventôse an 3.

4e génération

Jean Georges, le jeune, né le 7 septembre 1759 à Niederschaeffolsheim, fils de Jean Georges Michel et Eve Philipps, se marie vers 1787 avec Marie Eve Ohlmann née vers 1760 à Niederschaeffolsheim et fille de André et Marie Velten (lignée Langemechen). En 1794, il est mentionné comme tisserand et au baptême de son fils François Ignace le 6 juin 1797 comme ludimagister.

En 1809 il reçoit « dix-huit francs et quatre-vingts centimes pour la réparation de deux fusils sur le corps de garde (Wacht) » (sic). Il décède le 18 février 1816 à l’âge de 56 ans au n° 92 où se situaient à l’époque l’école et la maison communale. Son gendre, Nicolas Lanoix, âgé de 38 ans, cabaretier (aubergiste) a cosigné l’acte de décès. Marie Eve, son épouse, l’avait précédé dans la mort en 1812, à l’âge de 53 ans. L’absence de registre de baptême entre 1787 et 1790 ne nous permet pas de donner avec certitude le nombre de leurs enfants. Voici ceux qui nous sont connus par leur naissance à partir de 1790 par l’intermédiaire de leur acte de mariage : Marie Eve, née en 1787 et décédée en 1821, épouse en 1814 Nicolas Lanoix, titulaire de la Légion d’Honneur (à l’origine de la lignée des Nicklâuse), Georges né en 1791, François Ignace né en 1797 (voir § 5e génération de cet article), Antoine né en 1799 et décédé en 1845, cordonnier, épouse en 1821 Catherine Rischmann à l’origine des lignées Schüeltoni (Krauth-Baehl) et Schüelseppe (Ebel), Marie Sophie née en 1801.

5e génération

François Ignace est né le 3 juin 1797 à Niederschaeffolsheim, fils de Jean Georges Michel, maître tisserand et maître d’école, et de Marie Eve Ohlmann. Il se marie le 9 septembre 1817 à Niederschaeffolsheim avec Gertrude Wendling née le 14 mars 1786 à Uhlwiller, fille de Michel Wendling et de Catherine Berebach (les grands-parents de Gertrude étaient originaires de Niederschaeffolsheim de la lignée des Hettderfer). Il est nommé instituteur le 22 mars 1816 par le préfet et fût ainsi le premier de la dynastie des Michel à sortir de l’Ecole Normale d’Instituteurs. II obtint le brevet du 1° degré en 1818, du 2° degré en 1822 et du 3° degré en 1832. Dans le budget de la commune de 1817, il est mentionné comme secrétaire de mairie et instituteur. Sa signature est omniprésente sur les actes de l’état civil, sa calligraphie est incomparable dans le registre des délibérations du Conseil de Fabrique de la paroisse dont il était le secrétaire de 1820 jusqu’à son décès. En 1821, pour ses activités annexes, il bénéficie d’une indemnité pour sonner les cloches de police (tocsin, couvre-feux) et pour sa fonction d’appariteur. Le 10 octobre 1831, le maire Jean Lang le jeune lui délivre un certificat de bonne conduite pour 15 années de service en qualité d’instituteur dans la commune. Malheureusement, suite à l’arrêté du Conseil Académique du 23 janvier 1851, Ignace Michel est révoqué de ses fonctions pour le motif que son école se trouvait dans un état déplorable. On chuchotait qu’il fréquentait trop les auberges du village.

Les époux Ignace Michel et Gertrude Wendling furent les parents de 12 enfants. Neuf filles et trois garçons sont nés entre 1818 et 1844, six d’entre eux décédèrent en bas âge, trois autres ont quitté le village natal ( partis sans laisser d’adresse !).